Quand on ne veut pas de sa descendance

Ils ont vendu leur enfant avant sa naissance. Et en plus ce n'est pas interdit...car la loi hollandaise, apparemment, prévoit qu'il est interdit de vendre un enfant pour l'exploiter, mais pas de le vendre tout court. Trop de précision, quoi. Le résultat choque sec. Parce qu'on se dit qu'il a fallu aux parents une situation terrible pour en arriver là. Parce qu'on se dit que ce n'est sans doute même pas la première fois qu'un tel cas se produit. Parce ça sent la traite et l'esclavage. Dans ce cas à tort, en fait, puisque l'enfant a été enregistré comme si de rien n'était comme l'enfant de ses parents adoptifs. C'est d'ailleurs ce que la loi est en mesure de leur reprocher, ce mensonge à l'état civil.
Mais même s'il n'y avait que cela, dur dur tout de même d'expliquer ça à cet enfant plus tard. Difficile de s'imaginer que cette loi ne change pas très bientôt.

Une autre loi aux conséquences similaires vient de l'être, changée. Plus dramatique, sans doute, car touchant des enfants plus grands et entièrement conscients de leur situation, l'incroyable autre histoire des difficultés à rendre la loi exactement assez précise. Là où la loi hollandaise est trop précise, celle de l'état du Nebraska, aux États-Unis, était trop floue. Une loi dite 'de sanctuaire' offrait l'immunité légale aux parents qui abandonneraient 'un enfant' dans un hôpital. On songeait aux nourrissons issus de grossesses non désirées. Ce n'est plus très courant, on est bien sûr plus heureux d'entendre que les familles sont heureuse quand arrive un enfant, mais c'est un moyen d'offrir une meilleure chance de survie à des enfants qui risqueraient sans cela d'être abandonnés en pleine nature. En Suisse aussi, d'ailleurs, une association opposée à l'avortement a installé en 2001 une 'boîte à bébé', anonyme et chauffée à 37°C, dans un hôpital du canton de Schwytz: quatre bébés y ont été déposés depuis.

Sauf qu'au Nebraska, une erreur dans le texte de loi a déclenché un drame: on n'avait pas précisé le terme 'enfant', qui couvre dans son sens légal -et dans cet endroit- toute personne de moins de 19 ans. Le résultat? Pas un seul nouveau-né ne fut confié au système de santé, mais à leur place, 36 enfants âgés de 1 à 17 ans, dont seuls six avaient moins de 10 ans, ont été abandonnés par des parents n'arrivant plus à suivre, ou excédés au delà de l'entendement. Certains les ont jetés sommairement hors de la voiture devant l'hôpital en criant derrière eux 'j'en ai fini avec toi!'. Mais d'autres leur cachaient leur plans, les laissant avec un goûter à la salle d'attente des urgences, sans avoir le cœur de rien leur dire. Une mère adolescente de 16 ans a aussi essayé de s'abandonner elle-même avec son bébé pour pouvoir bénéficier d'une aide de l'état. Précarité financière, familles décomposées, aide sociale pour le moins lacunaire, problèmes mentaux dans un état où les services de pédopsychiatrie sont tout juste esquissés: la pointe de plusieurs icebergs.

Cette loi a été corrigée le 21 novembre pour limiter la possibilité d'abandon aux enfants âgés de 30 jours au maximum. Les ados du Nebraska et autres enfants plus grands auront à nouveau la garantie de rester avec leurs familles. On a peut-être envie d'abord de s'en réjouir, mais ça laisse un goût amer, quand même...

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