Pointage sur les droits humains

Le symbole sur cette montre? L'importance du respect des droits humains. On est d'accord? Alors allons-y. Le rapport annuel d'Amnesty International est sorti. Vous trouverez l'intégrale ici. Un extrait de l'introduction donne le ton:

'Il se passe la même chose avec la récession économique mondiale qu’avec le changement climatique : les riches sont responsables de la plupart des causes qui ont précipité la catastrophe, mais ce sont les pauvres qui en supportent les conséquences les plus graves. Certes, personne n’est épargné par les effets de la récession économique, mais les difficultés des pays riches sont sans commune mesure avec les crises majeures qui sont en train de s’abattre sur les plus pauvres. Qu’il s’agisse des travailleurs migrants de Chine ou des mineurs du Katanga, en République démocratique du Congo, le coup est rude pour des millions d’hommes et de femmes qui tentent désespérément de s’arracher à la misère. La Banque mondiale prévoit que 53 millions d’habitants de la planète rejoindront cette année les rangs des personnes vivant dans la pauvreté, venant s’ajouter aux 150 millions frappées l’an dernier par la crise alimentaire et réduisant ainsi à néant les progrès accomplis au cours des dix dernières années.'

La Suisse n'est pas épargnée par ce rapport
. Le chapitre qui lui est consacré dénonce 'la discrimination dont les Roms, les Sintis et les Yéniches continuaient de faire l’objet, en particulier dans les domaines du logement et de l’éducation', 'le recours excessif à la force, en particulier contre des personnes noires, de la part d’agents chargés du maintien de l’ordre public', le fait que 'les demandeurs d’asile déboutés se retrouvent en marge de la société et vivent dans le dénuement', l'adoption d''une loi autorisant l’usage d’armes à impulsions électriques et de chiens policiers lors des expulsions d’étrangers', l'application insuffisante de la législation pour protéger les victimes de violences familiales, et le rejet des demandes d'asile de prisonniers de Guantanamo 'immédiatement libérables' et dont on 'craignait qu’ils ne soient soumis à des persécutions en cas de retour dans leur pays d’origine'. On y souligne aussi que le droit au mariage n'est plus accordé aux clandestins et aux requérants d'asile déboutés. Il y a évidemment une certaine ironie à ce que la Suisse soit en même temps un pays dont la loi prévoit que certains animaux doivent vivre par deux.

Peut faire mieux, donc.

Mais la situation mondiale brossée par ce rapport met le doigt sur un problème plus systèmique: toute situation d'angoisse serre la vis aux tensions. La répression, la censure de la presse, tout cela augmente dans l'instabilité liée à la crise économique: 'Dans beaucoup de pays, lorsque les gens sont descendus dans la rue pour protester contre la hausse des prix alimentaires et la mauvaise situation économique, les manifestations, même les plus pacifiques, ont été durement réprimées.(...)Au Zimbabwe, des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des syndicalistes ont été agressés, enlevés, arrêtés, voire tués en toute impunité. Au Cameroun, une centaine de personnes ont été tuées par balles lors de manifestations violentes, et un grand nombre de protestataires ont été emprisonnés.'

A l'occasion du 60e anniversaire des droits humains, un site belge a mis à disposition une carte interactive. Elle date un peu, mais elle vaut néanmoins le détour. On y retrouve en Suisse, par exemple et une fois de plus, un problème apparemment persistant de violence policière.

Tout ça est très décourageant. Mais il arrive que des moyens petits et ciblés produisent de gros effets. Amnesty en est d'ailleurs un bon exemple. Et ils ont besoin d'aide pour toute une série de campagnes. Ils ne sont pas les seuls. L'organisation Witness, décrite dans cette vidéo, met des caméras digitales dans les mains des activistes et fourni une plateforme pour leurs témoignages filmés. Leur point commun? Montrer ce qu'on aimerait mieux ne pas voir. Et espérer que parmi toutes les personnes qui réagissent à cet inconfort en fermant les yeux, quelques-unes au moins se mettront à essayer d'y changer quelque chose. Parce qu'on est d'accord, en fait, sur l'importance du respect des droits humains...

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